LE BLOG DE FRANCOIS BUHR

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DE SIGMARINGEN À SIGMARINGEN

DE SIGMARINGEN À SIGMARINGEN

 

 

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NOUVELLE RUBRIQUE : LA GRANDE HISTOIRE

 

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Pour interprêter le monde actuel et futur, il est pertinent d'explorer le monde passé. 

 

Depuis toujours, je ne me suis intéressé qu’à la première et deuxième guerre mondiale.

 

 

Pour comprendre ces 2 conflits mondiaux, il est indispensable de remonter à la guerre de 1870.

J’ai eu l'idée d’aller voir pourquoi la France avait déclaré la guerre à la Prusse en 1870, conflit qui engendra la guerre de 1914/18 puis 1940/45.

 

Ces guerres ont fait plus de 70 millions de morts.

 

Quand on met en parallèle la raison de la déclaration de guerre en 1870 et ses conséquences mondiales sur 3 conflits, on peut se poser des questions sur les hommes politiques et l’Homme en général. 

 

 

70 MILLIONS DE MORTS POUR UN TRÔNE

 

Pour Bismarck *, la politique est un domaine où la morale n’a rien à faire.

Il a besoin d’une guerre pour fonder l’unité allemande. Il lui faut la France. Celle-ci doit lui déclarer la guerre la première pour que l’agresseur ait l’air d’être agressé.

Le mensonge utilisé à cette fin par Bismarck prend le nom emblématique de la dépêche d’Ems.

 

L’ESPAGNE CHERCHE SON ROI

 

En septembre 1868, une insurrection avait contraint la reine Isabelle d’Espagne à quitter son pays pour trouver refuge en France.

 

On cherchait un roi d’Espagne dans les sombres bureaux des chancelleries européennes.

Il n’en manquait pas, la France songeait au duc de Montpensier, le Portugal avec Ferdinand de Saxe-Cobourg, l'Angleterre proposait le Prince Alfred, l'Italie avec le duc d’Amédée d’Aoste et l’archiduc d’Autriche.

Les Espagnols avaient l’embarras du choix.

 

C’est alors qu’un Hohenzollern se mit en piste.

Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen ** était un bel officier de l’armée prussienne de 35 ans, parent du roi de Prusse.

Mais, en mars 1869, Napoléon III faisait dire à Bismarck qu’il fallait prévenir toute candidature Hohenzollern. Elle ne serait pas tolérée en France.

 

LE PIÈGE

 

Bismarck venait-il de comprendre qu’il tenait avec cette affaire de candidature son casus belli ?

 

Les candidats se dérobaient, car la situation politique troublée de l’Espagne n’était guère encourageante.

 

Devant le risque de mécontenter la France, le roi de Prusse se montre hésitant, mais Bismarck lui conseille alors d’accepter la candidature Hohenzollern. Il franchit le Rubicon et prend le risque d’une crise internationale qui peut aboutir à la guerre avec la France qu’il attend de tous ses vœux.

 

Le 28 juin 1870, Léopold donnait son accord.

 

Le duc de Gramont au quai d’Orsay venait d’être nommé , fougueux gentilhomme qui se nourrissait d’une double illusion, l’alliance autrichienne et la valeur de l’armée française.

 

Si la Prusse insiste, c’est la guerre.

 

Ainsi Bismarck avait bien monté son stratagème. Le ministre français marchait au tambour et affolait l’Europe. Tout le jeu du Prussien consistait à laisser la France déclarer la guerre qui était isolée au niveau européen.

La Prusse restait sur une prudente réserve, contrastant avec l’agitation des Français.  

 

La France demandait au roi de Prusse d’obliger son parent à retirer sa candidature.

 

Le 12 juillet 1870, l’Europe apprenait avec soulagement que Léopold de Sigmaringen ne serait pas candidat au trône d’Espagne.

Le parti de la paix triomphait.

 

UNE DÉPÊCHE DE TROP

 

A travers le Quai d’Orsay, la France demandait au roi de Prusse une promesse que la candidature serait enterrée à jamais.

A. Thiers montrait, avec lucidité, que cette démarche inutile avait d’insultant pour le sentiment patriotique allemand.

 

Bismarck vit aussitôt le parti qu’il pourrait tirer de cette humiliation du souverain.

 

La dépêche d’Ems, envoyé par l’ambassadeur français au Roi de Prusse, exigeait que "Sa Majesté le roi s’engageait à tout jamais à ne point permettre la reprise de la candidature ".

L’effet fut immédiat : « A Berlin, nul ne douta que l’ambassadeur de France n’eût insulté le roi, de même qu’à Paris, nul ne douterait le lendemain que le roi n’eût insulté l’ambassadeur de France ».

 

Les 2 parties se sentaient insultées et humiliées.

 

A travers cette exigence perçue comme une insulte, la guerre devenait inévitable.

 

Voilà donc un mensonge qui va permettre à Bismarck, ayant vaincu la France à Sedan, de proclamer le premier Reich allemand dans la galerie des Glaces du palais de Versailles (janvier 1871) et d’engager l’Europe sur la voie des rivalités nationalistes.

 

Bismarck s’est servi du bellicisme des Français pour dresser un piège aux Français. Il a parfaitement réussi.

 

Ce conflit résulte de la volonté prussienne d'unifier l'Allemagne, qui était jusque-là une mosaïque d'États indépendants. Or depuis 1866, la France empêche les États du sud de l'Allemagne de rejoindre la Confédération de l'Allemagne du Nord formée autour de la Prusse. Il fallait donc faire sauter le verrou français.

 

La Prusse a trouvé ce prétexte ridicule et les Français sont tombés dans un piège qui a provoqué la guerre de 1870 puis entrainé la « revanche » de 1914, et pour finir la « revanche » de 1940. 

Les conséquences de la défaite de 1870 ont permis à la Prusse d’unifier les états allemands, donc de créer le premier Reich, et pour la France la perte de l’Alsace et de la Lorraine. ***

 

AVRIL 1945 À SIGMARINGEN

 

L’histoire des trois guerres a commencé à Sigmaringen en 1870 pour finir en avril 1945 à Sigmaringen. La boucle est bouclée.

 

Après 2 guerres, la guerre de 1940 se termine.

 

Alors que les alliés se rapprochent de Paris, Hitler ordonne l’évacuation des autorités du régime de Vichy et exige « d’opérer le transfert du chef de l’Etat, même contre sa volonté ». Pour l’honneur, Philippe Pétain feint de résister, mais le Maréchal, qui déclarait que « le devoir du gouvernement est, quoi qu’il arrive, de rester dans le pays », prend la route de l’Allemagne.

 

Le 8 septembre, il arrive dans le château de Sigmaringen, dans le Bade-Wurtemberg. Pierre Laval arrive le lendemain dans cette forteresse, propriété de 400 pièces des princes de Hohenzollern.

 

Fin septembre, des milliers de miliciens, d’intellectuels collabos, se réfugient, avec femmes et enfants. Des dizaines de ministres et de hauts fonctionnaires emménagent eux aussi au château. La grande comédie de Sigmaringen peut commencer.

Les troupes françaises entrent dans Sigmaringen le 22 avril 1945. Si les principaux acteurs de la collaboration sont arrêtés, d’autres trouvent refuge à l’étranger.

 

Il est surprenant qu'aucun historien n'ait mis le doigt sur l'importance de ce lieu, à 75 ans d'intervalle, dans l'histoire de France.

 

 

 

* Ministre-président du royaume de Prusse de 1862 à 1890, chancelier de la confédération de l'Allemagne du Nord de 1867 à 1871.

 

 

** Sigmaringen est une ville située dans le sud de l'Allemagne, dans le land du Bade-Wurtemberg, sur le Danube.

 

 

*** L’Alsace et la Lorraine : dans la réalité c’est l’Alsace moins Belfort et la Moselle pour la Lorraine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



26/11/2021
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