LE BLOG DE FRANCOIS BUHR

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HARCELEMENT : AFFAIRE FREYGEFOND / METZINGER

VSD a publie le 24 juin 2016 un article sur l'affaire FREYGEFOND / METZINGER

 

 

 

 

 

 

Poli­tique Victime de harcè­le­ment,

il livre un témoi­gnage édifiant (exclu)

par Julie Gardett

 

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De 2009 à 2012, Alexandre Metzin­ger, alors direc­teur de cabi­net à la mairie du Taillan-Médoc, en Gironde, subit les assauts répé­tés du maire. Il s’ex­prime pour la première fois sur cette affaire.

C’est la première fois qu’Alexandre Metzin­ger témoigne publique­ment du harcè­le­ment dont il a été victime pendant trois ans. « Je veux parler pour en expliquer la complexité et parti­ci­per à la prise de conscience. C’est en envoyant un message fort du type “Arrê­tez de décon­ner, main­te­nant on lance les procé­dures, on parle, on n’ac­cepte plus ça” qu’elle va pouvoir se faire », explique le jeune homme de 31 ans, devenu comé­dien. Que pense-t-il de l’af­faire Baupin ? « Au-delà du sexisme, à la base de ces affaires de harcè­le­ment, il y a la ques­tion de l’im­pu­nité. Les élus n’ont même pas conscience de fauter. » Direc­teur de cabi­net à la mairie du Taillan-Médoc, en Gironde, de 2009 à 2012, le tout jeune diplômé de Sciences Po a 25 ans quand il commence à subir les propo­si­tions indé­centes de Ludo­vic Frey­ge­fond, 38 ans, le maire PS qui l’a embau­ché. L’af­faire a été jugée en mars 2015 par le tribu­nal correc­tion­nel de Bordeaux qui a condamné ce dernier pour harcè­le­ment moral* à un an de prison avec sursis, deux ans de priva­tion de droits civiques et 70 000 euros d’in­dem­ni­tés. L’in­té­ressé a fait appel. 

À l’époque des faits, Ludo­vic Frey­ge­fond, un strauss-kahnien proche de Pierre Mosco­vici, est une jeune pousse du parti, promis à un bel avenir. Le maire, mili­tant de la cause gay, est aussi vice-président de la Commu­nauté urbaine de Bordeaux, vice-président de la région Aqui­taine et premier secré­taire fédé­ral du parti socia­liste en Gironde. Pendant des mois, tout se passe bien, mais, fin 2009, Alexandre Metzin­ger reçoit une lettre où le maire lui déclare sa flamme. « J’étais installé avec ma compagne et il le savait, commente le jeune homme. C’était telle­ment énorme et impro­bable, je ne l’ai pas pris au sérieux et j’ai cru que ça allait se tasser. Et puis c’est revenu. » Des assauts répé­tés à toute heure du jour et de la nuit, souvent par mails – plus de trois cents ont été rete­nus par les enquê­teurs –, parfois très crus, relayés par des intru­sions dans sa vie privée via Face­book où l’édile contacte sa sœur, son père, envoie des mails à sa compagne Cécile, des choco­lats à sa grand-mère… Les « Je t’aime » et les avances parfois à la limite du porno SM – « J’ai besoin que tu me domines », « Je veux te sucer, Alex » – côtoient les direc­tives de travail. « Ludo­vic Frey­ge­fond envoie les mails de plusieurs adresses sans se cacher, c’est l’im­pu­nité d’un petit hobe­reau », clame l’avo­cat du plai­gnant, Me François de Conten­cin. Alors qu’A­lexandre Metzin­ger lui signi­fie vouloir rester sur le terrain profes­sion­nel, Ludo­vic Frey­ge­fond conti­nue à pour­suivre de ses ardeurs son « brillant » direc­teur de cabi­net, qu’il « admire », lui promet­tant de lui céder la mairie du Taillan en 2014. « Si ça a pu le pertur­ber, je le regrette, se défend Ludo­vic Frey­ge­fond à VSDmais il me répon­dait que ça ne le déran­geait pas. Je suis devenu amou­reux, mais en étant assez respec­tueux. » 

 

 

Mails envoyés

 

Bonsoir Alexandre

Plusieurs choses

1/ je t'aime

2/ je te fais entièrement confiance

3/ il n'y a pas eu il n'y a pas et il n'y aura pas de relations intime avec XXXX

4/ tu as un vrai problème de confiance et d'amitié avec moi

5/ Le Taillan c'est pour toi après moi c'est toi qui succèdera

6/ tu n'as pas répondu a mon mail sur l'amitié et Cécile (en rapport avec les point 4)

7/ XXXX XXXX prendra ces fonctions le 2 janvier et je lui indiqué qu'il y avait aucunes réticences de ta part

8/ tu comptes énormément pour moi. Tu ne peux pas t'en rendre compte

Merci

Bonne soirée

Ludovic

 

 

Bon, tu sais que tu m'intimide toujours

Mais je t'aime toujours aussi

 

Les jours et les mois qui viennent vont être très dur. Il est utile désormais que tu te consacres a la politique maintenant que le Dgs et dga vont arrivée

Je suis très heureux Alexandre que tu sois la et que nous préparons les échéances suivantes nous concernant.

Toi comme maire, moi comme député

Nous allons nous battre mais pour ma part je le ferais pour toi mais pas sans toi

Merci encore pour tout-)

Je t'aime'

Ludovic

PS : on se retrouve pour le déjeuner

Tu me dis ou tu veux 

 

 

Carrière, amour, Alexandre Metzin­ger a tout perdu…

« Je faisais quatre-vingts à quatre-vint-dix heures de boulot par semaine, rapporte pour­tant Alexandre, il m’en­voyait des mails à 3 heures, 4 heures du matin et le week-end, tout deve­nait urgent, j’ai craqué, j’ai fait deux burn-out. » Pourquoi n’est-il pas parti ?« Au début, c’est le job de rêve, j’ai 25 ans, je gagne près de 4 000 euros net par mois et j’ai des pers­pec­tives de carrière. Et puis je vais décou­vrir une règle en poli­tique : un direc­teur de cabi­net ne part pas, il se fait remer­cier. » Au retour de l’uni­ver­sité d’été du PS à La Rochelle en 2011, il a pris sa déci­sion : il part. Après les tenta­tives de séduc­tion viennent les menaces, comme dans ce mail de février 2012 : « Ma volonté est la même si tu aspires à un poste poli­tique : il est incon­ce­vable pour moi que ce soit dans le dépar­te­ment. » De fait, après sa démis­sion en mars 2012, le jeune homme ne trou­vera pas de poste. Il sombre alors dans une dépres­sion, s’in­flige des scari­fi­ca­tions, fait deux tenta­tives de suicide. Sa compagne le quitte trois mois plus tard.   

« J’ai solli­cité Martine Aubry à Solfé­rino et l’en­tou­rage de François Hollande à l’Ély­sée au moment de ma plainte [en septembre 2012, NDLR]. On m’a dit : on sait, on va faire gaffe. Il n’y a jamais eu de procé­dure lancée contre lui. » Condamné en appel dans le cadre d’un autre procès pour corrup­tion passive et prise illé­gale d’in­té­rêt en janvier, Ludo­vic Frey­ge­fond, élu PS en 2014, siège toujours en tant que conseiller muni­ci­pal à la mairie du Taillan-Médoc. « Comment un parti poli­tique est-il capable de lais­ser ce type de person­na­lité agir ?, s’in­ter­roge Alexandre. En fait, le PS, c’est comme une multi­na­tio­nale sans service RH. » L’ex-baron du PS en Gironde conti­nue à nier. « C’est une histoire d’amour avec tous les débor­de­ments qu’elle peut produire, expri­mée peut-être de manière grave­leuse, sortie de son contexte », plaide son avocat, Me  Jean Gonthier« Mon homo­sexua­lité est deve­nue publique, regrette l’élu, divorcé et père d’une adoles­cente. Je ne m’en cachais pas mais je ne l’af­fi­chais pas, ma famille n’était pas au courant. » « Il a détruit ma vie, confie aujourd’­hui Alexandre. Cinq ans après, je ne fais plus de poli­tique, je ne suis plus avec cette femme dont j’étais amou­reux et j’ai dû quit­ter Bordeaux. C’est violent. Je ne serai jamais en paix avec ce qui s’est passé. » Verdict le 25 octobre à la chambre des appels correc­tion­nels de Bordeaux.  

 

Julie Gardett

(*) La loi du 6 août 2012 sur le harcè­le­ment sexuel ne recon­naît pas les faits anté­rieurs.



26/06/2016
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